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Critique

Bébés cas d'hommes. Pour Winnicot (1896-1971), le bébé n'existe que dans la relation avec sa mère. DonaldW. Winnicot, L'Enfant, la psyché, le corps, Traduit de l'anglais par Madeleine Michelin et Lynn Rosaz. Payot, 358 pp., 160 F.

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publié le 14 octobre 1999 à 1h11

Même quand on ne connaît pas Winnicot, on le connaît quand même: il

suffit d'avoir une fois vu Linus tenant son bout de couverture, ou n'importe quel enfant serrant et mordillant la petite girafe ou l'ours en peluche dont il ne se sépare jamais. Mais cela n'expliquera pas pourquoi Winnicot (1896-1971), situé à mi-distance entre l'école de Mélanie Klein et celle d'Anna Freud, est le père de la psychanalyse des enfants en Grande-Bretagne, et compte parmi ceux qui ont véritablement apporté des pierres nouvelles à l'édifice bâti par Freud.

De Donald Woods Winnicot paraît aujourd'hui l'Enfant, la psyché et le corps, un recueil d'articles ­ la plupart inédits, les autres traduits dans des revues mais difficilement disponibles ­ qui illustrent sa théorie du développement affectif de l'enfant, et qui, écrits entre 1931 et 1970, sont donc autant de jalons significatifs de toute sa carrière de pédiatre, de pédopsychiatre et de psychanalyste. En poste pendant quarante ans au Paddington Green Children's Hospital, Winnicot a eu l'occasion de traiter plus de" soixante-mille cas. Il n'a cependant pas tenté de ramener l'expérience clinique à un modèle rigide, mais a au contraire toujours valorisé ­ voilà sans doute pourquoi il n'a pas fondé d'école ­ l'extrême variété des faits observés et l'inépuisabilité de leur interprétation. On a souvent loué le bon sens, les capacités d'écoute, le mode d'expression «narratif» et très clair de Winnicot, ou encore la confiance qu'il mettait dans les capac