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Libération
Critique

Chienne de vie . Une petite fille qui découvre le sexe se débat dans des aboiements infernaux. Par Régine Detambel. Régine Detambel, La patience sauvage, Gallimard, 172 pp., 80 F.

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publié le 14 octobre 1999 à 1h10

Un terrible petit roman d'apprentissage, où les chiens figurent la

peur du grand méchant loup. Les chapitres s'appellent Zorah, Réglisse, et autres Toby, des noms qui jalonnent les grandes étapes de la mythologie familiale. Elizabeth von Arnim avait inauguré cette unité de temps avec Tous les chiens de ma vie. Mais ce n'est pas sous l'angle du meilleur ami de la femme que Régine Detambel use de l'élément animal dans la Patience sauvage.

Au début, une petite fille expérimente les joies de la campagne l'été, pieds glissants dans les sandales trempées d'eau savonneuse, bricolage à partir des produits naturels (les glands, bien sûr), jeux imités des adultes, genre lavage de la voiture: «Je mimais des efforts de rhabdomancienne pour tenir la baguette et lui rendre les qualités musculeuses et agitées d'un tuyau d'arrosage quand l'eau le parcourt à pleine puissance.» A la fin du livre, une rescapée attend son sauveur dans l'établissement psychiatrique où l'a menée sa tentative de suicide. De manière plus ou moins manifeste, il n'est question que de sexualité. Mais à quel moment les adultes ont-ils volé à l'enfant la clef de son épanouissement? Le père l'emmène, le dimanche. Ils vont au cimetière, et visiter des fermes. Il fait d'elle sa complice admirative. C'est le même homme qui offre à l'adolescente «un livre prétendument tombé d'un cyclomoteur, où il n'y avait pas une halte entre deux coïts fantastiques». Le même homme qui la traîne par les cheveux de la plage à la caravane, p