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Libération

Le Cerf à bout de bois. Les dominicains qui dirigaient en pères peinards le fleuron de l'édition religieuse cherchent les issues de secours de la Providence.

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publié le 14 octobre 1999 à 1h11

Il faudra plus que la divine providence pour sortir les éditions du

Cerf de la passe critique qu'elles traversent aujourd'hui, la plus grave financièrement depuis leur fondation par les pères dominicains en 1929 avec la bénédiction du pape Pie XI (1). Le déficit de 9,2 millions de francs accusé en 1998 ­pour un chiffre d'affaires de 76 millions ­ contraint le Cerf à des choix draconiens, avec un sévère plan de licenciement à la clé fin octobre.

Le Cerf souffre d'une double crise. Celle provoquée par la baisse générale des ventes qui touche l'ensemble des éditeurs religieux (en recul de 4 à 5% l'an passé ) et celle due à ses propres carences de gestion. Éditeurs d'ouvrages théologiques et spirituels haut de gamme, les frères prêcheurs voient depuis quelques années leur public de spécialistes fondre comme neige au soleil, au diapason d'un clergé réduit à peau de chagrin. Leur politique de surchauffe éditoriale s'est révélée désastreuse, qui a obligé le Cerf à faire marche arrière toute cette année avec «seulement» 180 nouveaux titres publiés, contre 280 en 1998. Par ailleurs la publication dispendieuse d'une version révisée de la Bible de Jérusalem (proposée sous 24 formes différentes!) a creusé le déficit. Tout comme la mise en place d'un nouveau centre de distribution dans le Loiret. Car le Cerf reste un des derniers éditeurs indépendants à tenir tous les bouts de la chaîne de l'édition. Une spécificité qui lui coûte cher, même s'il distribue une trentaine d'autres petits édi