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Interview

Les attractions de Neuroland. On peut démonter la mécanique de la pensée, affirme Dan Sperber, champion des sciences cognitives. «Et l'Inconscient dans tout ça?», demandent les psychanalystes . Entretien. Dan Sperber et Roger-Pol Droit, Des idées qui viennent, Odile Jacob, 268 pp., 145F.

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publié le 14 octobre 1999 à 0h58

Les sciences cognitives vont-elles sauver la psychanalyse et les

sciences sociales? C'est ce que semble penser Dan Sperber. Anthropologue et philosophe, il est surtout un des pionniers en France de ces recherches qui montrent qu'on peut faire des sciences humaines naturalistes, c'est-à-dire étudier les mécanismes de la pensée comme on étudie ceux de la vision ou de la digestion. Un point de vue très minoritaire en France, qu'il défend contre son ami, le critique et essayiste Roger-Pol Droit, dans Des idées qui viennent. Les sciences cognitives sont-elles vraiment «le développement le plus important de ces cinquante dernières années dans les sciences humaines»? Comment définir les sciences cognitives? C'est un ensemble de recherches dans des disciplines très différentes ­neurologie, anthropologie, psychologie, intelligence artificielle, linguistique­ qui ont en commun de chercher à élucider les mécanismes de la pensée, de la formation des connaissances dans les organismes vivants, et dans les systèmes artificiels. Ces recherches ont des conséquences qui commencent à se faire sentir du côté de la psychologie, de l'intelligence artificielle, mais aussi des sciences sociales. Vous affirmez que ces recherches permettent de «naturaliser les contenus»? Les contenus des pensées sont-ils des objets naturels, comme un neurone ou un atome? Ont-ils des propriétés physiques telles qu'ils peuvent être l'effet de causes matérielles et avoir des effets matériels? Naturaliser les contenus,