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Libération
Critique

Mille milliards de Guy Debord! Biographie, réédition, correspondance, livre de souvenirs: l'actualité éditoriale déborde d'ouvrages sur et par le fondateur de l'Internationale situationniste. Et la droite comme la gauche sont pour une fois du même Debord.

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publié le 14 octobre 1999 à 1h26

Guy Debord, le fondateur de l'Internationale situationniste,

l'auteur de la Société du spectacle, est à la mode. On écrit sa biographie, on édite ses lettres, on republie ses livres et ses amis racontent leurs expériences communes. Il est cité tous azimuts par quelques intellectuels de gauche (entre autres ceux qui écrivent dans les Inrockuptibles) et de droite (la jeune génération du Figaro littéraire). Ce qui les fascine tous est décrit par Christophe Bourseiller en préambule de sa biographie.

Un jour de l'après- 68, alors encore prépubère, le biographe entend parler des situationnistes. «On les disait extrémistes en insistant sur le fait que leur "extrémisme" était parfaitement indépassable. Sur-le-champ je fus séduit.» L'Internationale situationniste a disparu quand les Editions champ libre éditent Debord. Bourseiller peut alors admirer son talent littéraire et contempler «avec stupéfaction (son) cheminement exempt de compromissions. Véritable astre noir de la littérature, Guy Debord fut pour moi le guide secret d'une jeunesse qui n'attendait rien de l'âge adulte». C'est pour comprendre cette séduction, dit-il, qu'il a voulu écrire l'histoire de cet homme «qui de sa vie n'accorda d'entretien à un journaliste, ne parut point à la télévision, refusa les honneurs, et reste en dépit de tout un des écrivains marquants de ce siècle déjà mort.» La biographie qui suit cette prose un tantinet exagérée raconte comment le héros vécut une enfance bourgeoise, rejoignit après-guerre