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Interview

Nietzsche et Pavese nez à nez Le philosophe et l'écrivain, deux orphelins réunis par Turin sous la plume magique de Pajak. Frédéric Pajak L'Immense solitude PUF, 334pp., 176F.

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publié le 14 octobre 1999 à 1h11

C'est un livre très étrange. Son titre intégral est l'Immense

solitude avec Friedrich Nietzsche et Cesare Pavese, orphelins sous le ciel de Turin. Il est constitué de dessins sombres et de textes brefs. Tous les personnages dessinés, Nietzsche, Pavese, Hitler, ont de longs nez. «On voit sur la couverture qu'ils portent des masques. Je me demande si je ne l'ai pas fait pour cultiver un certain humour, une distance», dit Frédéric Pajak rencontré à Paris. Son père (qui «déménageait tous les six mois») était artiste peintre, son grand-père aussi qui a quitté la Pologne pour s'installer à Strasbourg. Frédéric Pajak vit en Suisse mais s'est installé en Italie une bonne partie des quatre ans qu'il a passés sur l'Immense solitude. Il a déjà mélangé textes et dessins sur un sujet inattendu quand il a publié en 1997 aux éditions de l'Aire «une biographie écrite et dessinée», Martin Luther, l'inventeur de la solitude. Il est marié, il a une fille, mais la solitude semble demeurer sa spécialité. Son travail est déconcertant. Après la sortie de Martin Luther, «je n'ai été invité en Suisse que dans des émissions théologiques». Dans l'Immense solitude que Roland Jaccard a accepté pour les PUF en vingt-quatre heures («Il m'a tout de suite dit non, et puis il m'a dit oui le lendemain»), il s'attache aux liens de Nietzsche et Pavese (et De Chirico) avec Turin, aux deux écrivains dont les pères sont tôt disparus. La première image du livre montre une voiture emboutie. Le texte en dessous est: