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Libération
Critique

Mille et un Millecam Auteur clandestin en quête du Graal, Jean-Pierre Millecam rejoint l'imaginaire du conteur arabe. Jean-Pierre Millecam Trois Naufragés du royaume Editions des Syrtes, 340 pp., 132 F.

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publié le 21 octobre 1999 à 1h16

C'est presque clandestinement que Jean-Pierre Millecam publie depuis

les années 50. Tour à tour chez Gallimard, au Rocher, aux Lettres nouvelles, chez Calmann-Lévy, à la Table ronde, chez Critérion et aujourd'hui aux Editions des Syrtes, il a essaimé une oeuvre unique dont chaque volume est une étape de plus dans la quête qui l'anime. Soutenu par une communauté de fidèles, il ne brigue rien de plus que le droit d'écrire et d'être lu de cette poignée d'happy few.

Voilà donc un écrivain de 72 ans dont il serait assez ridicule d'affirmer qu'il reste à découvrir. Et pourtant. Pour commencer, le lecteur aura bien du mal à rassembler tous ses livres. Ensuite, il lui faudra s'accorder à l'univers et à la prose de Millecam. A la prosodie de ses textes que l'on compare souvent à celle de Faulkner, au clair-obscur de son monde méditerranéen et à une idée de la littérature qui n'a que peu de rapport avec les esthétiques actuelles.

Né à Mostaganem en 1927, Jean-Pierre Millecam a consacré son oeuvre à l'Algérie et au Maroc. Professeur, témoin du colonialisme et de la guerre d'Algérie, passé à tabac par la gendarmerie qui voyait en lui un traître partageant la «vie des Arabes», assigné à résidence puis obligé de fuir au Maroc, Millecam a fait de sa vie une entreprise d'élucidation personnelle et un long dialogue avec l'autre. Son oeuvre est la quête de ce Graal, et son double littéraire a pour nom Lancelot. Un Lancelot dont la mystique presque médiévale mêle christianisme et islam en une vis