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«On ne tape pas sur les petits» Comment devenir éditrice et le rester?

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Récit d'une entreprise qui a dû soulever des montagnes pour faire découvrir l'Amérique .
publié le 21 octobre 1999 à 1h16

«C'était ce qu'il me fallait», explique simplement Anne-Marie

Métailié sur sa décision, en 1979, de devenir éditrice. Cette attitude volontariste va bien avec le «simple comme bonjour» qu'exsude son physique ensoleillé. Elle se tient très droite sur sa chaise, cheveux châtains relevés en chignon, boucles d'oreilles. Née en 1944 à Sidi Bel-Abbes, cette femme très «Sud» (ou, dans son cas, «sur») devait pas mal ressembler à la Lea Massari de l'Insoumis lorsqu'elle arriva en France à l'âge de 20 ans.

Elle a voulu être éditrice parce qu'elle avait peut-être passé trop de temps dans l'abstrait à faire des études et de la recherche. Langues, Sciences-Po, les choses qu'on faisait à cette époque. Militantisme, groupuscules, puis les «charrettes» d'exilés latino-américains, qu'elle fréquente nécessairement. Ses premiers contacts avec les Brésiliens, les Chiliens. Elle a appris le portugais rien que pour lire un poète dont on lui avait parlé (Carlos Drummond de Andrade). Lors d'une enquête pour le Centre de sociologie de l'éducation et de la culture, elle interroge des éditeurs, comme sujets. Il s'agit de classer les gens selon deux axes, l'économique et le symbolique. Au-delà de cela, il y a les rencontres proprement dites: Jérôme Lindon et J.-J.Pauvert lui semblaient aimer ce qu'ils faisaient. D'autres lui plaisaient moins, trop pessimistes. Ces conversations lui firent en tout cas prendre conscience à quel point elle avait la hantise de devenir spécialiste. «Alors que ces gens fabriqu