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Libération
Critique

Tribale poursuite. Un nouveau thriller de Hillerman chez les Indiens navajos, où l'intrigue s'efface de plus en plus au profit du somptueux décor. Tony Hillerman. Le Premier aigle. Traduit de l'anglais par D. et P. Bondil. Rivages, 285 pp., 119 F.

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publié le 28 octobre 1999 à 1h23

Etre membre de la police tribale, dans les territoires navajos et

hopis, n'est pas une mince affaire. En 1987, on a ainsi arrêté deux résidents, responsables de l'exécution de Roy Lee Stanley (27 ans) et Andy Begay (35 ans). Ivres morts au sortir d'un match de base-ball au collège de Kayenta, près de Monument Valley, Thomas Cly et Vinton Bedoni, après avoir maîtrisé Stanley venu les interpeller, ont contraint celui-ci à contacter son collègue par radio, avant d'abattre les représentants de l'ordre avec leurs propres armes, de les placer, agonisants, dans l'une des voitures de patrouille et d'incendier le tout. C'est dire à quel point la réalité dépasse parfois la fiction des romans policiers de Tony Hillerman, régulièrement dédiés au «bon peuple de Coyote Canyon, Heart Butte et Borrego Pass».

Parce que: «Depuis qu'ont débuté mes rapports romancés avec la police tribale, six de ses hommes ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions», Begay et Stanley, mais aussi Burton Begay, Loren Whitehat, Hoskie Gene, Jr. et Samuel Redhouse, autres flics navajos assassinés, entre 1975 et 1996, sont donc les dédicataires du dernier opus du Simenon d'Albuquerque, s'ouvrant sur le meurtre de l'agent Benny Kinsman, attaché au commissariat de Tuba City.

Meurtre anecdotique d'ailleurs qui, une fois encore, sert de prétexte à la description d'une tradition séculaire: la capture d'aigles par les Hopis afin de procéder à une cérémonie religieuse dans une kiva, cette espèce de chambre souterraine q