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Libération

En bref. Segalen, les mille Victor.

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publié le 4 novembre 1999 à 1h47

S'il n'a vécu que 41 ans, Victor Segalen, mort en 1919 dans des

circonstances énigmatiques en forêt bretonne, a eu une vie très remplie: médecin de marine, il a parcouru le monde, de Brest à Tahiti, et de Pékin à Djibouti; archéologue et photographe, il a exploré et fouillé l'immense empire chinois; écrivain et anthropologue, il a écrit, mais aussi édité; artiste et critique, il a dessiné, composé (avec Debussy), et contribué à faire connaître Gauguin. Ces multiples facettes méritaient l'hommage que lui rend actuellement la Bibliothèque nationale de France, qui possède la quasi-totalité du fonds Segalen. Organisée par Mauricette Berne, cette riche exposition rassemble non seulement manuscrits, journaux, lettres, éditions originales, dessins, photos et collections de l'auteur des Immémoriaux et de Stèles, mais aussi des pièces rares en rapport avec l'univers de l'écrivain: des objets d'art chinois magnifiques (statues, paravents, porcelaines), ou encore le manuscrit enluminé de Gauguin, Noa Noa, un trésor très rarement exposé. Dans ce foisonnement, on relèvera que le goût profond de Segalen pour l'art et la calligraphie chinoise reflète celui pour la matérialité de l'écriture et du livre. Segalen calligraphie ses propres textes, imagine les couvertures de ses ouvrages, tient des journaux en images, a un sens de la composition inné, presque maniaque. Cette aptitude éclate aussi dans son oeuvre de photographe, dont on mesure ici l'ampleur. Au-delà de leur intérêt archéologique e