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Libération

Face aux piles : Les bons élèves.Christophe Bataille. Vive l'enfer. Grasset, 304 pp., 119 F. Jean-Christophe Rufin. Les Causes perdues. Gallimard, 233 pp., 110 F.

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publié le 4 novembre 1999 à 1h47

Voici 48 heures à peine, avant le coup de force des papies Goncourt,

ces deux-là étaient encore dans la course au prix des prix - le seul qui vaille, aux yeux aveugles du très grand public, puisqu'il s'achètera les yeux fermés, sur le seul crédit de son bandeau; deux livres qui, dans cette lice, tinrent également leur partie fonctionnelle en portant les jaquettes des éditeurs Grasset et Gallimard.

De Christophe Bataille, on avait lu respectueusement le Maître des heures, agréable autant que bref exercice d'écriture que signait en 1997 un jeune homme d'alors 26 ans; malgré son titre de jeu vidéo, l'ouvrage ­ bien dans la façon un peu précieuse des deux premiers romans (Annam en 1993 et Absinthe en 1994) qu'il avait donnés à l'éditeur Arléa ­ semblait dessiner une manière de style d'un minimalisme austère. J'en étais là, comme tout le monde, avec Christophe Bataille, quand est arrivé son Vive l'enfer, dont la rumeur semblait faire cas (1). Je le feuilletai cet été et doutai. Je l'ai relu consciencieusement, pour y observer comme le développement d'une crise d'adolescence. C'est que le dernier livre de Bataille évoque beaucoup la première frasque de l'enfant prodige dont les parents se disaient que celui-là, au moins, n'irait pas traîner dans les ruelles en rentrant de son cours de violon. Jusqu'au jour où deux pandores le ramènent à la maison et rapportent, avec le nécessaire ménagement dû aux géniteurs de primo-délinquant, comment ils viennent de le choper au sortir du collège,