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Libération
Critique

L'histoire de Frank

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Depuis cinquante ans, il arpente son autobiographie littéraire. Rencontre avec l'homme de gauche qui aimait les écrivains de droite
publié le 4 novembre 1999 à 1h47

Intituler Romans les oeuvres complètes de Bernard Frank n'est pas

exactement dire la vérité sur le genre de littérature qu'il pratique depuis cinquante ans. Mais quoi. C'est plus séduisant que le Romans et Essais dûment arboré sur la page de garde, c'est donc rendre justice à l'auteur.

Bernard Frank, qui a eu 70 ans le 11 octobre, a écrit deux romans. Les Rats (publiés l'automne 1953 à La Table ronde de Jacques et Colette Duhamel) racontent, de manière synchrone, les moeurs amoureuses des jeunes gens au début des années 50. L'Illusion comique (1955) est un Comment je me suis disputé" (ma vie sexuelle) de même inspiration, mais en moins casse-cou. Dans les Rats, Jean Cau et Jean-Paul Sartre figurent en personne, avec descriptions et dialogues, selon un procédé qui sera utilisé plus tard, mais qui, sur le moment, fâche. Le jeune franc-tireur des Temps modernes, où il remplaçait Etiemble comme chroniqueur littéraire, fait l'objet d'une «défenestration». Il répond par un «Contre Cau» dans le Dernier des Mohicans (Fasquelle, 1956), patchwork qui assassine les «mandarins» de tous bords, ceux de Simone de Beauvoir inclus.

«J'aime ces projets un peu insensés où la critique se mêle au souvenir, le souvenir à la fausse confidence.» Cette définition du Dernier des Mohicans vaut pour tous les essais de Bernard Frank depuis Géographie universelle (1953), pour toutes ses interventions en général, jusqu'à aujourd'hui. Il dit dans Solde, terminé en 1979 alors qu'il fête ses 50 ans: «Ce que je