Disons qu'il y a des histoires à deux dimensions, des surfaces
planes, lisses, à coins trop carrés pour qu'on les aborde autrement que de front. Au mieux le choc initial nous remue un peu, mais il ne franchit pas l'épiderme, ça frissonne à peine. Et puis il y a la 3D, trois angles de vue, au moins, des appréhensions diagonales et croisées qui permettent de sentir tout le relief, toute la chair d'une histoire. Tous ces mondes en elle appartient à cette catégorie.
C'est un feuilleton multiple alimenté par la vie entière, et la mort parfois, de plusieurs personnages dont aucun, jamais, ne paraît moins intéressant et dense que l'autre. Les histoires s'entrelacent chapitre après chapitre, s'éclairant parfois entre elles à des décennies d'intervalle. On fait revenir tout le monde, morts comme vivants, passé et présent, et on voit.
Que voit-on? Une jeune femme de 40 ans, Yasmin, Canadienne originaire des Caraïbes et qui y retourne pour la première fois depuis son enfance. Il s'agit d'une affaire de cendres et de dernières volontés celles de sa mère, l'étonnante Shakti, que Yasmin exécute. Elle retrouve ainsi une île et une famille lointaines, un monde qui n'est plus ou n'a jamais été le sien.
Et voilà la question de l'identité, chère à Bissoondath, posée, formulée, claquée. De manière on ne peut plus précise, d'ailleurs, si l'on considère que Bissoondath (neveu de l'écrivain V.S. Naipaul) est lui-même issu d'une famille indienne ayant émigré d'abord aux Caraïbes, puis au Canada. Actu