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Libération

Les bons livres font main basse sur les prix littéraires

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Le Médicis à C. Oster, le Fémina à M. Desbiolles.
publié le 6 novembre 1999 à 1h49

On ne peut plus avoir confiance en personne, voilà-t-il pas que les grands prix littéraires se mettent à couronner la meilleure littérature. Après le Goncourt à Jean Echenoz, voici le Médicis attribué à Christian Oster, et le Fémina à Maryline Desbiolles. Nous ne voulons pas lui porter tort, mais si les jurés du Renaudot avaient la bonne idée de distinguer lundi des Anges mineurs d'Antoine Volodine, la fête serait complète. Il y a un certain courage et une honnête modestie à couronner de bons livres, ainsi les jurys doivent leur réputation aux écrivains qu'ils choisissent et non pas l'inverse; pour durer, c'est plus sûr.

Anchise est le deuxième roman de Maryline Desbiolles, paru au printemps, saison où les éditeurs ne comptent guère sur les prix d'automne. Le premier, la Seiche, avait été remarqué, un livre à la fois de digressions et de structure, une femme, en douze chapitres, y disait douleurs et espérances tout en cuisinant des seiches farcies dont la recette, elle aussi, suivait douze commandements. Entre divagations et cuisine, la langue s'infiltrait comme seul guide du récit. Avec Anchise, même si le squelette est moins visible, la langue de nouveau s'impose comme matière première, plus présente que l'intrigue, support premier de la douleur, et, ici, d'une vraie violence contenue, puis échappée. Le veuf absolu de Desbiolles. Anchise est un vieil homme, il vit, comme l'auteur, dans l'arrière-pays niçois, et meurt à 80 ans dès le premier chapitre: il s'immole par le feu