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Libération
Critique

Coma Ostende. Rencontre avec celui qui pratique «l'interruption volontaire de récit». Jean-Pierre Ostende, Planche et Razac, Gallimard, «L'Arpenteur», 282 pp., 120 F.

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publié le 18 novembre 1999 à 1h41

Marseille envoyé spécial

Jean-Pierre Ostende, «né l'année de Diên Biên Phu», n'est pas exactement facile à interviewer. La plupart du temps, quand on lui pose une question, il s'en va. Ou alors, au fur et à mesure que la conversation avance, les phrases se font nominales. Les verbes qui restent perdent leur objet, l'intransitif règne: «Marcel Planche aime la façon dont Raymond Razac prolonge. Prolonger devient leur verbe», lit-on page 54 de Planche et Razac. On ne peut s'empêcher de penser que Jean-Pierre Ostende est comme il écrit, digressif, hypertextuel, sortant de son salon à chaque question pour aller pêcher un livre dans une autre pièce de son appartement plutôt blanc, non loin du cours Julien, le ramenant dans ses rets: «Attendez, j'ai ce qu'il vous faut», lance-t-il avant de s'éclipser et, reparaissant: «Tenez, lisez la dernière page, vous allez comprendre.» L'intervieweur devient un malade sous ordonnance.

Il faut dire qu'il est surpris, Jean-Pierre Ostende, qu'on ne comprenne pas toujours ce qu'il a voulu faire, ça lui paraît tellement évident, à lui, qu'il n'est pas un de ces «moins-que-rien» naguère vantés par un numéro spécial de la NRF, «c'est sûr, avec Planche et Razac, par rapport à la Province éternelle, les gens qui voulaient la même chose vont être déboussolés». Plus drôle que ses neuf livres précédents, Planche et Razac? Plus clairement drôle, peut-être, mais enfin, quand on sait lire, on rit aussi avec les autres. Ceux qui ne savent pas lire trouveraient