Brno envoyé spécial
Brno, d'accord, ça manque de voyelle, mais il vous suffit de prononcer Bruno très vite et vous y êtes, ça marche aussi avec pruneau, mais il ne faut tout de même pas exagérer. Jan Trefulka est né en 1929 à Brno, la capitale de la Moravie, tout comme Milan Kundera qui fut son condisciple à l'école primaire et reste son ami. Jan Trefulka est fatigué, il se déplace difficilement, il est assez vieux pour avoir connu deux occupations de son pays, l'allemande et la russe, assez entêté pour n'avoir jamais songé à l'exil et assez idéaliste pour s'être fait viré deux fois du Parti communiste tchèque, une fois en 1951, une autre en 1970, «j'avais adhéré à 18 ans sous la pression d'une famille de gauche, nous admirions l'Occident, mes parents, leurs parents étaient des lettrés, des musiciens, des architectes, mais ils ne pardonnaient pas la lâcheté de ceux qui avaient capitulé à Munich, enfin, bref, qui nous avaient envoyé Hitler». Trefulka est écrivain («Je ne sais pas trop pourquoi je le suis devenu, peut-être parce qu'enfant j'étais petit et gros et que, pour plaire aux filles, j'avais compris qu'il fallait me débrouiller avec ce que j'avais dans la tête), il accepte volontiers que la littérature morave soit partie intégrante de la littérature tchèque, «mais, voyez-vous, ce n'est pas pareil, la Moravie est orientale, la Bohême occidentale, nous sommes des poètes, eux sont des prosateurs, ils ont Dvorak, nous avons Janacek. Etudiants à Prague à la fin des années