Prague envoyé spécial
Comme son nom l'indique, Topol est un grand efflanqué, le cheveu léger, clair, il laisse passer à travers lui la lumière du ciel par ses yeux bleus, ses yeux gris quand le ciel est gris. Topol, en tchèque, signifie peuplier. Et ce n'est pas le premier peuplier qui s'agite en terre de Bohême, l'air de prendre le vent du large et de ne rien céder sur les racines, pas un pouce, pas le premier Topol non plus, puisque son père, Josef Topol, est cet écrivain dissident, auteur de théâtre, traducteur de Shakespeare, artiste longtemps condamné à la clandestinité, à l'exception des années du printemps de Dubcek. Autant dire que ces Topol ont bien peu plié.
Jáchym Topol se souvient de ce printemps de Prague qui ne dura que quelques étés, commencé en 1965 et interrompu brutalement ce 31 août 1968 où les chars russes pointèrent leur nez sur la place Venceslas. Jáchym Topol est né en 1962, le 4 août, une autre de ces nuits sans privilège: «C'était une sorte d'euphorie, mes parents étaient au théâtre tous les soirs. Nous étions gardés à la maison par tout ce que l'intelligentsia pragoise comptait de personnalités, je pense que si les textes de mon père avaient été également interdits pendant la période Dubcek, je ne serais peut-être pas aussi névrosé aujourd'hui.»
Et pourtant, il faudra bien qu'il le devienne, névrosé, cette sorte de fou officiel, un statut nécessaire à tout jeune contestataire des années communistes qui doit absolument échapper au service militaire, «pa