Né en 1950, Gérard Noiriel est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et dirige, chez Belin, la revue pluridisciplinaire Genèses. Sciences sociales et histoire. Auteur notamment du Creuset français: histoire de l'immigration, XIX-XXe siècle (Le Seuil, 1988), cet ancien élève de Madeleine Rebérioux est intervenu aussi dans les débats qui secouent sa discipline avec Sur la crise de l'histoire (Belin, 1996). Dans la lignée des Annales, Gérard Noiriel affectionne les temps longs de l'histoire sociale.
Tout le monde met l'accent sur la rupture entre la IIIe République et le régime de Vichy. Pourquoi en soulignez-vous les continuités?
En fait, je n'ai pas vraiment cherché, dans ce livre, à souligner les «continuités» entre la IIIe République et Vichy. La question continuité/rupture est un thème qu'affectionne l'histoire événementielle mais qui n'a pas grand-chose à voir avec la perspective socio-historique en «longue durée» que j'ai adoptée dans ce livre. Ma préoccupation centrale, c'est de comprendre comment le passé républicain a pu peser, contradictoirement, sur le présent de Vichy.
Ne craignez-vous que le mot «origines» dans le titre de votre livre ne prête à des équivoques?
Ce n'est pas moi qui ai soulevé la question des origines républicaines de Vichy. Il s'agit là d'un vieux débat que j'ai tenté d'éclairer en me situant dans la perspective de la «longue durée» chère aux Annales. Même si, sur le plan directement pol