Déjà bien secoué par le brusque coup d'accélérateur donné par les
Goncourt afin de doubler les Femina, voilà le monde des lettres à nouveau en plein carambolage chronologique: désormais appelé prix Décembre, l'ex- prix Novembre était décerné le 9 novembre dernier, faisant craindre un possible avancement de Noël aux alentours de la Toussaint pour plus de commodité. Fallait-il y voir un effet secondaire de ce jetlag littéraire? La foule qui se pressait dans un salon du Lutetia (à nouveau mois, nouveau lieu: adieu le Meurice, sûrement trop novembre pour un prix Décembre), et au coeur de laquelle on pouvait distinguer David Pujadas, le grand nom de LCI, se mit à attaquer le buffet sans même faire mine d'attendre la proclamation du résultat, et encore moins de s'y intéresser, la rumeur ayant accueilli les convives à peine la porte-tambour franchie. C'est donc devant un parterre de bouches pleines que le président Schneidermann, vêtu d'un costume très Régis Debray, laissa le vainqueur Claude Askolovitch (auteur de l'essai Voyage au bout de la France, chez Grasset) improviser un bref discours qui n'aurait pas déparé les césars, visant à remercier des tas de gens, parmi lesquels son éditeur pour l'avoir «insulté d'importance», avant de s'excuser d'avoir «trompé ses enfants», ce qui est encore moins banal. Pierre Bergé, qui passe dans le merveilleux monde de la mode pour le Louis de Funès des podiums, écumait plus encore que d'ordinaire tout en jurant qu'il était ravi (on le serait à