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Libération

Torst a raison.

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publié le 18 novembre 1999 à 1h41

L'appartement-bureau-studio est niché au dernier étage au centre de

Prague, près du café Slavia, le QG des intellectuels. Victor Stoilov, 38 ans, patron de Torst, qui publie Jáchym Topol, travaille là, entre ses disques de jazz et une vue imprenable sur la capitale de la Bohême. «Avant 1989, j'étais photographe et lecteur boulimique. J'avais des contacts avec les milieux littéraires non conformistes et les éditeurs de samizdat. Je voulais rencontrer les écrivains. J'ai décidé de les photographier. J'ai commencé par Vaculik. Il m'a donné une autre adresse et ainsi de suite. Quand je les ai mieux connus, ils m'ont fait lire leurs manuscrits. Après la révolution, tout semblait facile. Tout le monde était enthousiaste et voulait lire ce qu'on n'avait pas pu publier pendant des années. Je me suis lancé.» Il a fondé Torst. Evidemment, cette conjoncture favorable a vite changé. Un an plus tard, il était déjà beaucoup plus ardu de publier un livre tchèque ou étranger dans le goût de Stoilov (Elias Canetti, Philippe Jacottet, Witold Gombrowicz). Il s'est obstiné, il a appris à compter. Et il a survécu. Torst s'est développé. Deux livres la première année, trois la deuxième, à la fin de l999 il en aura publié 35.

Pas de quoi rouler sur l'or. Un seul employé, un éditeur. Pas de secrétaire. L'environnement est moins favorable, baisse de la lecture, développement de la presse en tous genres, manque de soutien des pouvoirs publics, en un mot: «normalisation» occidentale de la Tchécoslovaqu