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Libération

Face aux piles«Vaincus» et défait.Lucien Rebatet, Pierre-Antoine Cousteau, Dialogue de «vaincus» Berg international éditeurs. 280 pp. 120 F. Georges Hyvernaud, Carnets d'Oflag, Le Dilettante. 249 pp. 99 F.

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publié le 25 novembre 1999 à 1h33

Comment regarder sans malaise ce Dialogue de «vaincus» (1), sur quoi

une demande d'interdiction, vainement initiée en référé par de fantomatiques ayants droit, a récemment jeté un promotionnel coup de projecteur? L'ouvrage collectionne les entretiens que Lucien Rebatet et Pierre-Antoine Cousteau eurent tout loisir de mener durant l'année 1950 à la centrale de Clairvaux où, condamnés à mort en 1946, ils purgeaient ­et assez confortablement, ma foi­ une peine commuée cinq mois plus tard en perpétuité (de fait, Rebatet sera libéré en 1952 et Cousteau en 1954.) Etabli par leurs soins, le texte fut remis à Daniel Guérin, historien de l'anarchisme, par Pierre-Antoine Cousteau (2), sous condition expresse de ne pas le publier du vivant de son océanographe de frère ­Jacques-Yves, alias le Commandant. Présenté et annoté par Robert Belot (3) dans une collection dirigée par Pierre-André Taguieff, il paraît dans une petite maison qui a notamment publié cette année L'Antisémitisme de plume, une somme remarquée.

Ces données succinctement rappelées, il faut bien se demander à quelle nécessité répond la publication des «vérités rescapées», comme ils disent, de deux pro-nazis notoires qui, ayant sauvé l'essentiel ­leur peau­, les livrent avec une brutalité qui n'apportera rien aux historiens et peu aux psychologues. Et quoi donc à la littérature, dont il serait ici question, sous prétextes que Lucien Rebatet fut l'auteur, en 1942, du best-seller antisémite les Décombres, que Cousteau le rencon