Jean-Marie Gourio est réputé. Réputé pour écrire des «brèves de
comptoir», ou plutôt pour les publier puisqu'il se défend de les inventer. Il les invente au sens où les archéologues inventent leurs découvertes, la terre qu'il fouille est un zinc, et la pelle un coude assidu qui trouve presque toujours la force de se lever et parcourir ce chemin qu'on dit long, de la coupe aux lèvres. Il ne les invente pas, pas toutes, mais il a chaque fois le savoir-faire suprême de les accompagner de sa plume dans le délicat passage qui sépare l'oral de l'écrit. Bref, Gourio est un pilier de bistrot. Un sage. Ses brèves de comptoir construisent année après année le bréviaire de la nature humaine, on y trouve du génie, de la drôlerie, de l'absurde, de la philosophie, de la gouaille, le minimum vital nécessaire à la survie provisoire d'une espèce qui se sait mortelle. La collecte a commencé il y a bien longtemps (nous nous souvenons de la page publiée dès 1986 dans feu le journal Zéro), elle a nourri l'émission Palace avec la détermination ahurie de Jean Carmet et donné le texte de deux spectacles de théâtre. Cet automne paraît chez Robert Laffont la compilation de 10 000 brèves et Gourio prépare dans les bistrots de Bourgogne les Brèves de comptoir de l'an 2000.
Parfois Jean-Marie Gourio lâche le zinc, s'installe au fond du troquet pour en écrire des longues. Des romans personnels, originaux (souvenez-vous d'Autopsie d'un nain, Ramsay, 1987), nous avions salué ici même l'an dernier Chut! (Jul