Quoi qu'on en dise, le Goncourt est le plus couru des prix
littéraires. Ce n'est certainement pas la seule raison pour laquelle la réception donnée en l'honneur de Jean Echenoz, dernier Goncourt du millénaire, et de son collègue de Minuit Christian Oster, prix Médicis, était globalement un cran au-dessus, la plupart des convives ne cachant pas leur plaisir d'être là, eussent-ils fait le déplacement de province. Pour rendre honneur au faste de l'hôtel de Poulpry (maison des polytechniciens et publicité vivante pour les études scientifiques, les cafètes de fac de lettres étant rarement aussi hautes de plafond), les dames avaient sorti broches ethniques et parfums capiteux. De son côté, l'auteur de Je m'en vais, classe comme un Pierce Brosnan qui aurait des lettres, avait fait des pieds et des mains pour obtenir auprès du vestiaire le ticket «007», dans l'espoir, peut-être, d'incarner le vilain d'un prochain James Bond contre Docteur Echeno. Non loin, alors qu'une linguiste ukrainienne remettait en cause, live, le concept de Kiev, un monsieur en évoquait un autre qui lui avait «raconté plein d'histoires de sa jeunesse gay et puis l'époque du FHAR». «Ah bon, il a vécu dans un phare?», s'étonnait son interlocutrice. Robert Sabatier, bouffarde au bec, était très accaparé: «Monsieur l'académicien bonsoir, je ne pense pas que vous vous souveniez de moi», risquait un invité. «Vous avez gagné», smashait Sabatier, avant de se faire expliquer par Madeleine Chapsal les crêpages de chigno