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Libération
TRIBUNE

Le clônage, les images et les sages.

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Technique, eugénisme, clônage... Des penseurs s'emparent du débat,sans forcément ni poser, ni répondre aux vraies questions.
publié le 29 novembre 1999 à 1h29

J'ai déjà dit ce que je pensais du clonage et autres étrangetés procréatives (1): ils secouent nos repères symboliques, les mettent à l'épreuve, nous forcent à voir que certains d'entre eux se sont un peu fétichisés, et qu'au fond rien de ce qui se donne pour "symbolique" (parents, famille, différence sexuelle, institutions, systèmes de parenté...) ne peut prétendre capter à lui seul tout le potentiel symbolique. C'est plutôt une bonne chose, qui renoue avec la vieille lutte entre les idoles ­ gadgets ­ fétiches et le fameux être divin qui les brise ou les balaie. Que ces débats soient repris, ressassés, relancés, tant mieux, surtout si dans la lutte entre les pour et les contre (tous deux fragiles et intenables) émergent des pensées neuves. Espérons.

Mais parfois le débat lui-même a lieu entre images et clichés, entre idoles et provocations, avec pour seul enjeu d'avoir des preuves qu'on est remarqué, qu'on existe, sans que l'existence soit très vivante. C'est ainsi qu'en Allemagne, paraît-il, le débat fait rage entre une vieille idole usée (Habermas, qui a dressé contre le totalitarisme, après coup, le mur bien fragile de la culpabilité, puis de la «critique» ­ sans trop se demander ce que devient l'esprit critique quand on se jette comme Heidegger dans les bras du Führer), et son challenger plus jeune qui piaffe, qui provoque, qui veut la place et qui y croit (Sloterdijk), qui proclame: «il s'agit de rien de moins que du contrôle du pouvoir idéologique par lequel s'accompl