Menu
Libération

Face aux piles : Economie de Van HammePhilippe Franck et Jean Van Hamme Voir Venise... Et mourir. Dupuis. Deux volumes de 48pp., 54F chacun. Rosinski et Van Hamme. Thorgal, le Mal bleu. Le Lombard. 48pp. , 59F.

Article réservé aux abonnés
publié le 2 décembre 1999 à 2h12

Ici, où l'on parle plus souvent de livres que de littérature, le

champion toutes catégories, c'est lui. Ses héros têtes de liste et de gondoles s'appellent Largo Winch et Thorgal (1), que dessinent respectivement Philippe Franck et Grzegorz Rosinski. Et c'est merveille, pour qui en ignorerait, de découvrir à travers eux l'amplitude narrative de Jean Van Hamme, scénariste pro et écrivain amateur, mais avant cela, excellent gestionnaire. Peut-être est-ce dû à l'époque, peut-être est-ce dû au genre, et peut-être aux deux à la fois: tant dans Voir Venise... Et mourir ­9e et 10e épisodes constitutifs de la dernière en date des aventures de Largo Winch ­que dans le Mal bleu ­25e numéro de la série des Thorgal­, s'impose, au rythme de la tourne des pages, un constant souci d'économie scénarique. Et puis, bientôt, très vite, d'économie tout court (2).

Economie est le mot. En 48 pages seulement, le Mal bleu laisse peu de temps au lecteur pour rêver en de vastes échappées graphiques susceptibles de desserrer un peu l'étau du nécessaire rendement imposé par une intrigue qui répond sans surprise à tous les poncifs du genre (heroïc fantasy, disent-ils): soit, après deux pages d'exposition du thème ­saga de la quête d'«un monde meilleur»­, la réclusion de Thorgal et de sa petite famille dans une sorte de ben-huresque vallée des lépreux, labyrinthe où sont appelées à finir les victimes d'un mal qui répand la terreur; la course contre la montre du héros pour 1) s'en échapper; 2) mettre la mai