David Seidner, né à Los Angeles, est mort du sida, cet été, à New
York. Il avait 42 ans. Deux livres posthumes paraissent chez le même éditeur (1), dont l'un, centré sur les artistes et leur atelier, confirme combien cet homme d'une élégance ascétique eut une approche singulièrement tendre du monde de l'art. Commandés par plusieurs magazines (et aussi exposés à la galerie Samia Saouma, en 1992), ces portraits de l'art gentry retracent une histoire des visages et des territoires dans une égale continuité. Les visages, toujours pris en noir et blanc, paraissent immobiles, comme après la bombe atomique. Les ateliers sont parfois un joyeux bordel de couleurs: vieux journaux dégoulinants, plantes vertes, chaises d'époque (mais il y a beaucoup d'exceptions, ainsi l'atelier de Julian Lethbridge, à la limite de l'ambiance clinique). C'est comme si David Seidner avait concentré sa rigueur mathématique dans les yeux de ses interlocuteurs et laissé aux murs le soin de parler. Et non seulement ils parlent, mais ils se répondent d'un atelier à l'autre... Des poupées sans bras (Cindy Sherman). Des bras qui attendent de rejoindre leurs corps (Louise Bourgeois). Des ellipses en acier (Richard Serra). Des coquillages en forme de pelote de laine (Brice Marden). Des mots doux partout (Jack Pierson). Des cartes postales habilement punaisées (Joan Mitchell)... Parmi tous ces artistes, beaucoup d'Américains, mais aussi notre Christian Boltanski, dont l'atelier de Malakoff paraît être un work in p