On dit de Rome qu'elle est blasée d'en avoir trop vu depuis le
temps, alors que le visiteur, lui, désespère de pouvoir tout voir. Cependant, la ville est si généreuse qu'elle laisse à chacun l'impression de la connaître intimement déjà au premier contact. Le paradoxe n'est qu'apparent, car Rome fonctionne comme une métonymie incarnée où la partie, le fragment, possède les attributs entiers de la totalité, et où les choses ne cessent de se métamorphoser à l'infini, suivant le siècle, la saison, le jour, l'heure... Vient-on de découvrir un palais, une église, un jardin, une place, une fontaine? et le désir presse les pas vers ce qu'on a vu autrefois et qui réclame, à nouveau, notre regard. Ces allées et venues, cette synergie de l'oeil et de la marche, cet engagement du corps et de l'âme, font la beauté et l'intelligence de l'Art de vivre à Rome de Bruno Racine et d'Alain Fleischer. Ecrivain, le premier est, depuis 1997, le directeur de la Villa Médicis; photographe, écrivain, cinéaste, plasticien, le second a été pensionnaire de cette même Académie de France à Rome; l'un et l'autre font plus que connaître la Ville éternelle, ils l'aiment, en la vivant, en l'écrivant, en la photographiant.
Pierres et couleurs, flâneries romaines, jardins, intérieurs d'appartements nobles ou pas, rendez-vous à ne pas rater, un carnet de quelques adresses attendues et inattendues: ce sont les volets que décline cet Art de vivre à Rome aussi savant que familier. La couleur, par exemple, est en tra