Sauter la frontière qui sépare un millénaire du suivant invite à
franchir d'autres frontières, plus tangibles, plus terrestres. L'Institut français d'architecture propose, sous le titre Villes de la frontière, une circulation à travers l'urbanisme et l'architecture des cités frontalières. Lieu de passage par excellence, résidence où on ne réside pas, la frontière marque souvent, y compris dans les pierres des maisons qui l'entourent, une rupture, parfois un basculement. Pascal l'avait déjà remarqué qui notait dans ses Pensées: «Plaisante justice qu'une rivière borne! Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au delà.» La rivière pascalienne qui borne la justice est la Bidassoa le long de laquelle campent France et Espagne, s'observant depuis Hendaye pour la première, depuis Irún et Fontarabie pour la seconde. Mais, à l'intérieur des deux Etats, c'est aussi le Pays basque qui se voit coupé en deux par la frontière. Double coupure, trois langues et un va-et-vient rythmé par une Histoire tourmentée par la paranoïa obsidionale du franquisme puis par le terrorisme de l'ETA. Les quatre auteurs Maurice Culot, Hervé Guillemain, Javier Ponte Lepine, Gilles Martinet et Aitor Puche Martínez, architectes, urbanistes et/ou historiens, prennent leur lecteur (trice) par la main et l'entraîne à travers ruelles, places, corniches, plages, etc. Un coin de rue, un fronton, une façade décatie ou rénovée délivrent les signes de piste d'une promenade bien peu touristique. Les textes courent entre les