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Libération
Critique

Vision futée. Un livre où ne voit pas ce qu'on voit, si vous voyez ce qu'on veut dire. Julian Rothenstein et Mel Gooding, L'oeil s'amuse, illusions d'optique, rébus, images cachées. Traduit de l'anglais par Laurent Bury. Autrement éditions, 112 pp., 198 F.

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publié le 2 décembre 1999 à 2h12

Les aveugles disent qu'ils voient très bien ce qu'on veut dire, là

où parfois les bien voyants n'y voient que du feu. Ça dépend. Entre allusions visuelles et illusions d'optique, on peut tromper son monde et celui qui n'a pas les deux yeux dans le même sabot s'amuse à déjouer les pièges tendus par ces dessinateurs le plus souvent anonymes qui au siècle dernier et au début de celui-ci étalaient une virtuosité appliquée à des images à double sens dans des publications populaires. Les éditions Autrement publient la traduction de The playful Eye qui réunit quelques dizaines de ces curiosités visuelles. Il n'est pas indifférent de préciser qu'il s'agit d'une traduction car cela rend le pénultième chapitre du livre consacré aux rébus assez énigmatiques au locuteur français. On rappelle que le mot rébus est le dernier de l'expression latine Non verbis sed rebus («non par les mots mais par les choses») et qu'il est assez difficile de les traduire d'une langue à l'autre. En voici un en français pour compenser: «Le nondas p/a i r chez son n» qui signifie: «Le jeune Epaminondas a soupé hier, sans cérémonie, chez son oncle Sophocle» (1). Et, si ça se trouve, ce n'est même pas un rébus. Ni son oncle.

Pour le reste, c'est plus joli que rigolo, et assez efficace pour se muscler l'oeil soudain sommé de retrouver la silhouette de Napoléon devant sa tombe entre deux arbres, ou Washington devant la sienne, entre deux autres arbres qui leur ressemblent, un visage dans la carte du monde, ou Pierro