Le deuxième tome de la correspondance de Kerouac vient de sortir aux
Etats-Unis, raconte le New York Times of Books. Les premières lettres recueillies datent de la sortie de Sur la route en 1957, juste avant le triomphe que rencontra ce livre. Les dernières, de 1969, l'année qui sera fatale à l'écrivain. Douze années d'effondrement d'un homme qui a attendu trop longtemps le succès et ne sait pas réagir quand il vient le submerger. Ces missives-confessions sont donc pleines d'alcools forts, de rancoeurs, de plaintes, de folie agressive, de prétention aussi. Comme autant de moyens de défense face à la grande question: quelle est au fond ma vraie valeur? Kerouac était déçu d'être aimé comme une idole, comme un Elvis Presley et non pas comme un maître, un Tolstoï, un Melville ou un Faulkner. Il haïssait ces fans qui débarquaient en bas de chez lui, il se méfiait des propositions d'adaptation de ses livres qui venaient de Hollywood et il avait la tête tourneboulée par tout ce bazar. Il aurait voulu rentrer chez lui et tout oublier. Mais voilà, il ne savait même pas où était ce chez lui. L'intérêt qu'il porte de plus en plus à sa mère, cette façon dont il se jette comme un gamin dans ses jupes, c'est justement d'espérer trouver ainsi un home sweet home. Mais, sous la coupe de Gabrielle Kerouac, vieille femme catholique, aigrie, il accepte de renier son passé: elle déteste Ginsberg, Burroughs et presque tous les copains de son fils. Il ne les verra pratiquement plus. Elle est antisé