En 1975 la parution aux éditions du Soleil noir de la Victoire à
l'ombre des ailes de Stanislas Rodanski avait engendré l'un de ces cercles magiques de lecteurs tatoués à jamais par un auteur. Il y eut, par la suite, bien d'autres textes fragment arrachés, bribes sauvées des eaux, lettres au fil des revues, des «petits» éditeurs, il y eut même un ou deux films et un spectacle inoubliable joué par le seul Ariel Garcia-Valdès.
En 1989, Christian Bourgois, sur les conseils de Jean-Christophe Bailly (lire son recueil de textes le 20 janvier), réédita le livre de 1975 devenu peu trouvable. Les mêmes récidivent aujourd'hui: sous le titre Ecrits et le sous-titre «sous le signe du soleil noir», ils reprennent les textes du livre magique premier en y adjoignant quelques inédits ainsi qu'une histoire photographique signée François Di Dio, le fondateur des défuntes éditions du Soleil noir. On réédite Rodanski, mais nul ne pourrait prétendre relire cet auteur dont l'écriturene cesse de prendre la tangente quand on croit la saisir. Et pourtant, nombre de ses pages ont valeur de talisman ou tiennent lieu de boussole dans la désorientation même qu'elles recèlent.
On ne relit pas Rodanski, pas plus qu'on ne retrouve un horizon perdu pour reprendre une de ses ritournelles, chipée au coin d'un film de Capra. On ne le relit pas, car on s'y perd comme il s'y perd lui-même, ne cherchant pas à retenir ses phrases dans une police du sens, filant dans l'obscur en quête de formule, éclairé, ici et