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Libération
Critique

Winston sans filtre. La biographie du leader qui mena l'Angleterre à la victoire en 1945 ne fait pas l'impasse sur les errements d'un politicien loin d'être infaillible. François Bédarida: Churchill Fayard, 572 pp., 160 F.

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publié le 9 décembre 1999 à 2h05

La vie de Winston Churchill semble se résumer à quelques

stéréotypes: le cigare, la lucidité d'un homme dénonçant en 1938 la honteuse capitulation de Munich avant de flétrir en 1946 le rideau de fer tombé sur l'Europe, l'inflexibilité d'un leader finissant par mener la Grande-Bretagne à la victoire en 1945. La vérité est-elle conforme à la légende? Dans une certaine mesure, précise François Bédarida dans une biographie consacrée au Premier ministre britannique.

Né en 1874 dans un milieu fortuné, descendant du prestigieux duc de Marlborough (vainqueur du roi Louis XIV), il vit dans un environnement privilégié (il ne prendra le métro qu'une fois, en 1926) même si ses parents s'occupent fort peu de lui. Après avoir intégré Sandhurst ­ le Saint-Cyr anglais ­, il embrasse la carrière politique, devenant député en 1900 et ministre en 1905. L'homme politique, dès cette époque, montre son ambivalence. Membre du Parti conservateur, il est toutefois animé de préoccupations sociales, non tant pour soulager la misère du peuple que pour éviter de dangereuses éruptions révolutionnaires. Fidèle à ses options idéologiques, il passe pourtant des conservateurs aux rangs libéraux, acquérant l'image d'un politicien versatile. Rénovateur de la flotte anglaise avant la Première Guerre mondiale, il engage imprudemment la Grande-Bretagne dans la campagne des Dardanelles ­ échec qui menace gravement son avenir politique.

Churchill semble fini, il est totalement écarté du pouvoir entre 1929 et 1939. Cet