Plusieurs choses ont rendu Marie Bashkirtseff célèbre et inconnue: son nom russe imprononçable, sa mort précoce (1858-1885) à 27 ans, qui fit d’elle, qui affectionnait le blanc, l’incarnation de la jeune fille un peu évanescente, le Phalène selon une pièce d’Henri Bataille; son talent de peintre qui commençait à être reconnu; et plus que tout son Journal dont Maurice Barrès disait qu’il était un «monument». Ce Journal fut peut-être la grande affaire de sa vie, son double indispensable. De 1873 (elle a 15 ans) à 1884, elle tint presque quotidiennement une chronique détaillée de sa vie mondaine et intime. Elle représente 86 «livres» (cahiers), soit 19 000 pages, d’une écriture souvent exaspérée, déposés par sa mère à la Bibliothèque nationale. Une édition partielle et censurée, sans cesse rééditée, en avait été donnée dès 1887. Barrès, Coppée avaient souhaité une édition intégrale de l’oeuvre du «seul talent littéraire réel de ce temps» (Barrès), Colette Cosnier, auteur d’un remarquable «portrait sans retouches» (1) où elle déplorait la mystification dont Marie B. avait été l’objet, en formulait le voeu. Grâce à Lucile Le Roy, voilà qui est fait, du moins qui sera fait. Six volumes sont annoncés: trois pour la période niçoise, trois pour les années parisiennes, dont celui-ci est le premier (26 septembre 1877-21 décembre 1879). Edition impeccable, scrupuleusement annotée, élégamment imprimée, assortie de chronologie, bibliographies et de nostalgiques portraits. Il ne reste plus
Critique
Le moi de Marie
Article réservé aux abonnés
par Michelle PERROT
publié le 16 décembre 1999 à 1h59
Dans la même rubrique