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Critique

Vit et bien

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Origine du monde contre «camisole des mots», le premier roman de Bertrand Leclair s’efforce de couler de source. Une prose forte, fertile et parfois même faible: humaine.
publié le 16 décembre 1999 à 2h00

Quiconque croirait voir dans les événements qui ( »)sont relatés des ressemblances avec des personnes, des récits ou des événements réels, et voudrait s’en servir pour on ne sait quel procès encore et toujours à venir, doit savoir qu’il s’agit de fictions, seraient-elles arrachées au thorax de la réalité pour montrer dessous le coeur battant du réel.» Ouf, on a eu peur, on a cru cinq minutes que le narrateur de Movi Sévaze, dont le vit s’évase en effet tout au long du roman, pouvait avoir un quelconque rapport avec l’auteur, essayiste et critique littéraire à la Quinzaine littéraire et aux Inrockuptibles. Car ce narrateur est un modèle de goujaterie intello, tendance vieux cochon. Il ne résiste pas entre autres, au détour d’une phrase, au plaisir de nous apprendre qu’il en a une énorme («ça fait trop mal, tu es trop gros» lui dit la femme qui «s’ouvre et crie quand on la plie pour en user»); ou alors, il surnomme son amie Diotime, mais «comme elle n’avait pas lu Musil, elle ne savait pas la charge», ah, ah, qu’est-ce qu’on rigole, on est entre initiés (mais peut-être avait-elle lu Platon, Schlegel ou Hölderlin? mystère). De toute façon, ces salopes sont tout juste bonnes à mener faire partouzer dans des clubs échangistes (là, c’est de l’indirect libre). Mais enfin, heureusement, rien à voir avec Bertrand Leclair et sa vie amoureuse.

On dira donc tout le bien qu’on pense de Movi Sévaze. Le roman se présente comme une pseudo-conf