Apparue dès l'entre-deux-guerres, relancée dans les années 50 par la réflexion de Hannah Arendt sur le totalitarisme, puis avec plus d'intensité après la chute du mur de Berlin, l'idée d'une parenté entre nazisme et communisme constitue l'une des controverses les plus vives du XXe siècle. Mais controverse de nature scientifique ou idéologique? La question est difficile à dénouer tant l'histoire du temps présent se tisse aussi d'appréciations éthiques. De fait, la comparaison entre nazisme et stalinisme a jusqu'ici été surtout utilisée comme une arme de combat anticommuniste et l'un des arguments majeurs de ceux qui en appellent à la tenue d'un «Nuremberg du communisme», mais aussi comme un moyen de relativiser la culpabilité allemande. Ainsi l'historien Ernst Nolte soutint dans les années 80 que le nazisme et ses crimes n'étaient qu'une réaction au génocide «de classe» perpétré par les bolcheviks. Lieu commun de la droite conservatrice, le parallèle était généralement récusé plus à gauche, où l'on insistait sur les radicales divergences d'intentions entre les deux régimes, la singularité du nazisme et l'unicité de la Shoah. C'est ce débat sensible que le livre dirigé par Henry Rousso propose aujourd'hui de rouvrir, en s'efforçant d'établir ce qui pourrait être la part de l'historien. Comme l'écrivait récemment Ian Kershaw , pourtant peu convaincu des vertus heuristiques d'une telle comparaison, celle-ci n'a en soi rien de scandaleux si on l'inscrit dans une stricte perspect
Critique
Hitler, Staline: chaînons manquants.
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par Dominique Kalifa
publié le 23 décembre 1999 à 2h21
(mis à jour le 23 décembre 1999 à 2h21)
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