Dibdin est l'oiseau rare du polar anglais. De souche irlandaise, il
a vécu à Londres dans une atmosphère jugée par lui étouffante, puis a découvert l'Italie devenue bientôt sa référence. Mais avec lui, rien n'est simple. Ses premiers pas d'écrivain l'ont mené en 1978 sur les traces de Jack l'Eventreur, avec l'Ultime défi de Sherlock Holmes (Rivages) considéré par les spécialistes comme le plus inventif des pastiches de Conan Doyle. Puis, mettant à profit un séjour à Pérouse (1980-1984), comme enseignant, il a imaginé dans A rich full death une enquête criminelle menée par le poète Robert Browning à Florence" De retour en Angleterre, Dibdin a enfin mis au monde le personnage d'Aurelio Zen, un policier vénitien contemporain, héros d'un premier livre, Piège à rats (1988). Zen est un homme sensible, voire d'une émotivité peu commune parmi ses semblables, un commissaire Maigret crucifié par le désordre social auquel il est en permanence exposé. Lorsqu'on l'interroge sur la nature de son héros, Dibdin se réfugie dans une réserve très britannique. «Zen est pour moi comme un ami, mais pas un double, se défend-il. Je lui téléphone une fois par an pour lui demander de ses nouvelles. Ses soucis ne sont absolument pas les miens.» Mais le policier, paniqué dès qu'il doit s'exiler pour une affaire dans une autre partie de l'Italie que celle où il a vu le jour, attaché à sa mamma comme un petit garçon craintif, pourrait bien nous révéler la vraie part d'ombre de Dibdin, lui-même instable e