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Libération
Critique

Desnos d'or

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Pour le centenaire prochain de sa naissance, compile du poète qui refusa les constructions savantes pour chanter l'amour et la bonne aventure.
publié le 30 décembre 1999 à 2h15

Robert Desnos aurait eu cent ans le 4 juillet 2000, mais on ne lui a pas laissé le temps. Il est mort du typhus le 8 juin 1945, peu de jours après la libération du camp de Theresienstadt. La légende veut qu'on ait retrouvé un dernier poème dans la poche de son vêtement de déporté. Dominique Desanti, dont Robert Desnos, le roman d'une vie vaut surtout comme collection d'anecdotes, rétablit la vérité. C'était un ancien poème à une femme aimée. Il n'y avait pas de nouveau poème quand Desnos est mort, à 44 ans, ce qui n'est pas beaucoup, mais plus déjà que ce qu'il avait prévu dans ses Trois livres de prophéties (1925). «1941 année de mes fantômes/Il me semble pourtant que je serai mort d'ici là». Il est vrai que Desnos, dans l'ensemble, ne péchait pas par optimisme: «Eluard/Tu ne verras pas les années cinquante», «Picasso : la mer fatale en 41». Desnos s'est donc toujours trompé, mais c'est sans importance puisque l'essentiel est de lire ses prophéties et d'y reconnaître son goût pour les aventures paranormales. Suite à Breton et Soupault, il s'engage tambour battant (il a 21 ans) dans l'écriture automatique, ce qui donne le quasi pornographique Nouvelles Hébrides. Il est aussi celui qui se montre le plus réceptif aux expériences mentales du surréalisme ­ rêves, hypnose, tables tournantes ­ au point d'écrire des poèmes sous la dictée des esprits. Marie-Claire Dumas qui édite le gros volume des oeuvres de Desnos laisse entendre que le poète jouait la comédie pour complaire à Bre