Quand Marcel Proust meurt à 51 ans le 18 novembre 1922, il a déjà publié, d’A la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, A l’ombre des jeunes filles en fleurs, le Côté de Guermantes I et II et Sodome et Gomorrhe I et II. Il a en outre envoyé à Gallimard la Prisonnière, une partie de Sodome et Gomorrhe III. Il y a encore en préparation une flopée d’autres Sodome et Gomorrhe avant d’en arriver au Temps retrouvé. La Recherche ne verra jamais le jour ainsi. Pourquoi? Parce que Proust est mort à un fort mauvais moment, en pleine restructuration de son oeuvre. Et parce que son frère Robert, qui s’est retrouvé sans y être le moins du monde recommandé, à la tête de l’édition des posthumes de la Recherche, a eu d’autres idées. Ce qu’on découvre au fil des années, c’est à quel point A la recherche du temps perdu est un roman inachevé, et à quel point son édition posthume porte la signature du frère de l’auteur.
Qui est Robert Proust? Né le 24 mai 1873 et mort le 29 mai 1935, il est deux ans plus jeune que l'écrivain à qui il survivra quatorze ans, le temps de mener à bien (ou à mal) cette édition posthume de la Prisonnière, Albertine disparue et le Temps retrouvé. Interne en 1894, agrégé en 1904, chirurgien des hôpitaux en 1906, professeur à la faculté de médecine et fondateur du Journal de chirurgie, il fut un grand médecin de son temps même s'il ne parvint jamais à faire soigner convenablement son frère. Il est surtout le grand oublié de la Recherche. Alors que le fétichi