Totnes, envoyé spécial
La tenancière du Bed an Breakfast vous a prévenu: «Elle a quatre-vingt-sept ans, mais elle ne les fait pas. Chaque fois qu'elle passe au volant de sa voiture, elle me fait un grand signe de la main, au risque de rater le virage" C'est mal connaître Mary Wesley: celle-ci, tout au long de sa vie, n'a jamais raté un virage. Mieux, elle s'est toujours méfiée des lignes droites, celles qui confinent à l'ennui et à l'inactivité, ses deux bêtes noires. Lorsqu'elle s'installe dans le Devon, en 1970, son second mari venant de mourir, elle a enfin pris la décision d'entrer en littérature elle n'avait jusque-là publié que deux livres pour enfants, sur les conseils de la romancière Antonia White afin de mettre un peu d'entrain dans son grand âge mais aussi parce qu'elle est sans le sou. Dans son premier refuge, situé sur la lande sinistre de Dartmoor, elle vient de mettre un point final à son premier roman, Souffler n'est pas jouer, rejeté par plusieurs éditeurs. Elle reçoit quelques mois plus tard une lettre de Macmillan lui proposant un rendez-vous à Londres. Elle répond aussitôt qu'elle n'a pas les moyens de s'offrir le train" L'éditeur lui offre le voyage, et même une avance sur droits. C'est le commencement d'un rêve qui se poursuit encore, dix romans plus tard des romans qui ont rendu célèbre le nom de Mary Wesley dans le monde entier. «L'autre jour, une Japonaise m'a offert un livre et je l'ai gentiment remerciée bien que je ne parle pas sa langue. Je