Collective, l'oeuvre est monumentale et de commande. Mais la commande
n'est pas d'Etat: elle vient d'un groupe d'immigrés, la plupart nord-africains, qui a jugé le temps venu de faire connaître l'histoire de l'immigration et d'en construire un outil essentiel après avoir lutté quelques décennies durant pour se faire reconnaître. C'est en 1988 que la nécessité de ce Guide des sources des archives publiques et privées de l'immigration s'est imposé dans toute son urgence à l'association Génériques au moment où elle préparait l'exposition «France des étrangers, France des libertés». On découvre alors que l'état des archives de l'immigration est lamentable, par rapport à l'abondance inouïe des documents et leur extraordinaire diversité. S'agissant des fonds publics, le travail de recensement est embryonnaire, alors qu'il n'a même pas commencé pour les fonds privés appartenant notamment aux entreprises, aux syndicats, aux associations des immigrés, voire à des particuliers. Il revient à Génériques d'avoir saisi l'importance de l'enjeu, élaboré un projet, signé une convention avec le ministère de la Culture, trouvé des financements auprès d'autres administrations, constitué une équipe de chercheurs dirigée par Pierre-Jacques Derainne et Patrick Veglia et, enfin, associé à l'édition de ce Guide la direction des Archives de France.
Publié en trois tomes, d'autres suivront sans doute, l'ouvrage est austère. Les archives y sont répertoriées par départements et les dossiers par thèmes,