Qui a entendu chanter Jackie Micaelli, Mighella Cesari ou Anna
Rocchi devine qu'une voix de femme peut être le lien entre le profane et le sacré. C'est sans doute pourquoi on interdisait aux femmes de chanter dans les églises. Sans doute pourquoi aussi Germaine de Zerbi a choisi de parler des femmes à travers le chant, dans ce volume du Mémorial des Corses. Evoquant un parcours minuscule mais emblématique qui, en vingt ans, a amené quelques chanteuses à pointer de la voix sur le devant de la scène corse.
«Elles étaient doublement dévotes, écrit Germaine de Zerbi invoquant l'une des grandes saintes de l'île, attentives aux préceptes religieux et dévouées à la cause de leurs hommes.» Et leur mode d'expression fut les berceuses, les complaintes amoureuses et les voceri, ces chants vengeurs que les femmes endeuillées improvisaient sur les lits des leurs, frappés de mort violente. Germaine de Zerbi connaît bien ce patrimoine poétique traditionnel dont elle fait la collecte, la traduction et la publication depuis près de trente ans (1). Dans un premier temps comme support pédagogique pour apprendre le corse aux enfants dans le cadre de l'association Scola Corsa, puis de l'Education nationale. «Au début des années soixante-dix, explique-t-elle, quand les cours de corse ont enfin été autorisés dans les écoles, on ne nous a fourni aucun manuel. Il a fallu improviser avec ce que nous avions. Le chant est sans doute le mode d'expression littéraire le plus classique ici.» Elle traduira a