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Romand vrai. Le récit de l'affaire Romand par Emmanuel Carrère .

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«L'Adversaire», ou l'histoire diabolique d'un meurtrier qui a fait de sa vie entière un mensonge. Rencontre avec l'auteur et retour sur le procès.
publié le 6 janvier 2000 à 22h07
(mis à jour le 6 janvier 2000 à 22h07)

L'un et l'autre, qui sont-ils? Jean-Claude Romand, au mois de janvier 1993, tue sa femme Florence, ses enfants, Antoine, 5 ans, et Caroline, 7 ans, ainsi que ses parents et le chien de ces derniers. Il met le feu à la maison, avale des comprimés, se retrouve dans le coma, et survit. Jugé en 1996, il est «condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux ans. Si tout se passe bien, il sortira en 2015, âgé de soixante et un ans», rappelle Emmanuel Carrère dans son récit de l'affaire Romand, l'Adversaire.

Emmanuel Carrère aura 58 ans en 2015. Il a fait ses débuts en 1984 avec Bravoure. C'est un romancier atypique dans le paysage littéraire français, car il est moins un styliste qu'un artisan d'intrigues vertigineuses. Il a publié un traité d'uchronie, le Détroit de Behring. Ses fictions, de la Moustache à Hors d'atteinte? placent les personnages dans des situations de crise identitaire affolante. Son livre qui fait le plus peur est le roman qui précède l'Adversaire et lui est apparenté: la Classe de neige.

Jean-Claude Romand, avant d'être un vrai assassin, est un faux médecin. Pendant vingt ans, il a menti. Etudiant en médecine à Lyon, il s'inscrit douze fois en deuxième année, jusqu'en novembre 1986, ce qui lui assure sa carte d'étudiant, son statut social, son réseau d'amis. Il assiste aux cours, effectue le cursus entier sans passer les examens, qu'il prépare sérieusement avec l'aide de sa fiancée, bientôt son épouse, laquelle a bifu