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Libération
Interview

Embarras castriste

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Entretien avec Leonardo Padura qui, à travers son héros Conde, analyse la réalité cubaine avec une gueule de bois chronique.
publié le 20 janvier 2000 à 21h48

La Havane envoyé spécial

L'automne est tombé sur Cuba il y a des années. Et Mario Conde, flic et héros imaginé par Leonardo Padura, n'a connu que cette saison des illusions mortes comme les feuilles, des rêves brisés. Quand le livre débute, Conde a d'ailleurs l'intention de démissionner de la police, écoeuré par l'éviction de son patron, un commissaire honnête tombé avec d'autres, pourris ou pas, dans une purge sans queue ni tête. Sous la pression de son supérieur déchu, Conde accepte pourtant d'enquêter sur un assassinat: le meurtre horrifique et quasi rituel d'un ancien responsable de l'économie cubaine qui a fui l'île il y a longtemps avant d'y revenir avec autorisation spéciale.

Conde se met à fouiller dans le passé de son cadavre et replonge ainsi dans l'époque des confiscations, des nationalisations et des grosses magouilles que cette situation a permises. Mais ce n'est pas cette enquête pourtant révélatrice qui intéresse Padura. Ce qui fait de son récit une ballade d'une langueur toute caraïbe, c'est le malaise de Mario et de ses contemporains, sa bande de copains, des trentenaires qui n'ont connu que les revers de la médaille révolutionnaire.

Cet après-midi de décembre, à la sortie d'une réunion de l'Union des écrivains, Leonardo Padura-Fuentes trimballe son blues dur comme de la colère rentrée à l'Hôtel National à La Havane.

Comment êtes-vous devenu écrivain de romans policiers?

J'étais critique de romans noirs. Ce sont mes lectures qui m'ont poussé à franchir le pas. Le