Il y a toujours, dans les textes de Christopher Isherwood, de
l'ironie, de la compassion vivace et de l'invention. L'auteur anglais d'Adieu à Berlin, mort en 1986, a 75 ans quand il écrit Octobre, journal de son mois d'octobre 1979, dans la maison de Californie où il est installé depuis des années avec son ami le peintre Don Bachardy, dont divers dessins sont reproduits à la fin du livre. Isherwood aussi a été son modèle. «(Est-ce que les modèles posaient avec plus de patience avant l'invention de la photographie?)» Il revient sur ses liens familiaux, son père, sa mère, son frère Richard, tous trois morts quand il écrit. Il évoque, à sa manière, les sujets qui lui passent par la tête. Plus riche que la moyenne des vieux, il dit être presque gêné de toucher sa maigre retraite à laquelle son âge et ses années de travail lui donnent pourtant droit. Il raconte son étrange situation quand il se retrouve seul au supermarché face à toutes ces femmes avec enfants représentant «les piliers de la Famille américaine» et qui n'ont aucun égard pour lui. Il est convaincu que la plupart des gens trouveraient comme lui excellente l'odeur des mouffettes (et des aisselles) si on ne leur avait appris à sentir différemment. Pour parler du gâtisme, il dit combien il a été émerveillé qu'on ait pu imprimer un mot sur un T-shirt, exprimant juste la réserve que c'est dommage de l'avoir fait à l'envers, jusqu'à ce que Don Bachardy lui fasse remarquer que, s'il ne se regardait pas dans la glace, ce ser