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Libération
Critique

Les aventures de superette. Claire danse la valse triste des étiquettes sur le tapis roulant de vies insignifiées. Premier roman. Olivier Adam. Je vais bien, ne t'en fais pas Le Dilettante, 186 pp., 95 F.

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publié le 20 janvier 2000 à 21h48

Je vais bien, ne t'en fais pas, malgré son titre assez malheureux,

est sans doute plus simple et juste que l'ensemble des romans du genre auquel il appartient (histoires de «jeunes» écouteurs de Miossec). Oublions l'argumentaire biographiste («Olivier Adam prend le R.E.R. et quitte sa banlieue natale pour s'installer à Paris où il travaille et tente de vivre. Il a 25 ans"») qui suggère que la littérature ne devrait être qu'une suite de témoignages de semi-loosers périphériques à défaut d'être vraiment marginaux ­ marchandisation de l'authenticité ­ et regardons.

On voit d'abord une scène, au milieu du livre, où l'héroïne nage: «Elle est restée très longtemps dans l'eau, se laissant emporter par les vagues assez hautes, où d'autres glissent, avec les cheveux jaunes ondulés. Elle s'est laissé engourdir par le froid, est revenue sur la plage et a regardé les gouttes d'eau sur sa peau, qui glissent ou s'étalent. Eclatent même parfois.» Comparaison n'est certes pas raison mais c'est beau comme du Peladan (Un coeur en peine): «Elle flotte, la baigneuse, vivante épave. Au ballottement de la mer, s'éclairait-il d'une douloureuse conscience le désemparement de sa vie?». Dans ce flottement, l'héroïne, Claire, se rappelle une phrase notée par son frère disparu (mais vivant, c'est-à-dire mort et vivant, qui ne passe pas, dans l'entre deux eaux du deuil impossible): «Quand j'étais petit j'étais déjà nostalgique, mais de quoi?» Evidemment, ce n'est pas de la grande philosophie, mais d'av