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Libération
Critique

Rolin des Bois

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Sans domicile trop fixe, en flâneur averti et journaliste buissonnier, Jean Rolin promène sa curiosité bougonne à Sarajevo.
publié le 20 janvier 2000 à 21h49

Evidemment, si l’on considère qu’il y a des catégories d’écrivains, et puis des gens qui écrivent à ranger dedans, bien à leur place dans notre conscience tranquille, on ne saura jamais quoi faire de Jean Rolin, assez déroutant pour que certains soient tentés de l’écarter sans le lire, assez libre pour se contreficher de notre bonne conscience, assez perdu pour que le monde entier soit son propre labyrinthe. Mais si l’on veut bien se rappeler que nous avons tous été jetés sur l’échiquier de la vie, sur une case de hasard, sans en connaître les règles, on peut se rassurer de savoir qu’un autre, plus malin, plus entreprenant dans l’exercice de sa curiosité, plus modeste dans son renoncement à tout comprendre, plus drôle dans sa désespérance, et pourtant guère mieux armé que nous, que cet autre, donc, nous prête son regard pour aller voir aussi loin que le bout de son nez, c’est-à-dire bien plus loin que le bout du nôtre.

Jean Rolin n’est pas un romancier, seulement un type qui a écrit quelques romans, comme la Frontière belge (J.-C. Lattès, 1989), ou Cyrille et Méthode (Gallimard, 1994), et qui, entre deux, jure qu’on ne l’y reprendra plus au prétexte qu’il préfère les digressions à la narration, et que l’imaginaire n’arrive pas à la cheville du réel, question imagination. Jean Rolin n’est pas un autobiographe, bien sûr il dit «je» dans ses récits, puisque, au sens propre, il ne parle que de (depuis) son point de vue, sinon, lorsqu’il raconte sa vie, il prend la p