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Libération
Critique

Spécial BD. Cru Crumb Deux inédits du pape discret de l'underground, cette année président du festival d'Angoulême. Robert Crumb Sans issue Editions Cornélius, 88pp., 120F. Sketchbook Reports Editions Cornélius, 48pp., 95F.

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publié le 27 janvier 2000 à 21h38

Grand Prix d'Angoulême l'an dernier, Robert Crumb se retrouve, selon

la coutume du festival, président du jury de l'édition de cette année. Une sorte de contre-emploi pour un artiste qui n'aime pas se montrer, tout au moins en dehors de ses albums autobiographiques, et fuit la foule, préservant le plus possible des indiscrétions sa vie privée dans un village cévenol. L'Américain, qui n'est venu qu'une fois en Charente (1), aura donc les honneurs d'une grande exposition sur son oeuvre, là encore selon la tradition, et le festival off lui rendra un hommage supplémentaire, plus décalé, en organisant un défilé de mode féminine avec des mannequins tout droit sorties de ses planches, plantureuses et délirantes à souhait (2). Ce coup de projecteur fera-t-il connaître un artiste finalement peu connu malgré son influence prépondérante sur toute une génération de dessinateurs, de Swarte et Spiegelmann à Willem et Loustal? Observateur sarcastique et impitoyable de l'underground occidental des années 60 et 70, âge d'or de la libération sexuelle et des expériences hallucinogènes, le créateur de Fritz the Cat et de Mister Natural (3) a toujours eu du mal à sortir de cette réputation d'icône de la contre-culture hippie, réputation d'autant plus paradoxale qu'il ne s'est jamais identifié à ce mouvement, témoin les nombreuses critiques féministes à l'encontre de ses dessins. C'est d'autant plus dommage que Crumb s'est intéressé à bien d'autres univers, comme celui du blues ou des romans de K