Longtemps membre des studios Hergé, collaborateur de Jacques Martin
pour les décors de la série Alix, Roger Leloup a créé en 1968, pour le journal Spirou le personnage de l'informaticienne japonaise Yoko Tsuno. La rigueur minutieuse et guindée de son style a plu à un large public adolescent, fasciné sans doute aussi par le réalisme technique d'une bande dessinée qui flirtait souvent avec le fantastique. Pour autant, l'auteur n'a jamais dédaigné de tremper la vingtaine d'épisodes des aventures de sa petite Nipponne dans une guimauve rappelant celle des Glamour comics américains seulement connus de ce côté de l'Atlantique d'une poignée d'amateurs transis. Plus récemment Leloup s'est lancé dans le roman, avec le Pic des ténèbres (grand Prix de la science-fiction française), une veine déjà exploitée dans la Bibliothèque verte par le romancier belge Philippe Ebly. Il persévère avec un second livre, appliqué cette fois à fournir aux innombrables aficionados de Yoko Tsuno quelques précisions sur l'enfance de cette héroïne. On découvre ainsi dans l'Ecume de l'aube ce que l'auteur appelle le «joyau de la vie» de Yoko, un épisode clef de sa vie sur l'île du Songe, le territoire magique où la petite fille a grandi au milieu d'une famille aux moeurs traditionnels. A mi-chemin des contes de Lafcadio Hearn et de la philosophie de Flipper le dauphin, ce roman illustré de jolis crayonnés et publié au format d'un album réserve d'amusantes surprises à ceux qui croyaient déjà tout savoir sur l