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Libération
Interview

Spécial BD. Siné-moi permanent

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Prévert, Genet, Doudou le Martiniquais, le jazz et la guerre d'Algérie: entretien avec Bob Siné autour de «Ma vie, mon oeuvre, mon cul!»
publié le 27 janvier 2000 à 21h39

«Un conseil aux anti-Siné qui voudraient le rester: n'ouvrez pas ce livre», écrit Philippe Val au verso d'Attention j'arrive!, tome 1 de Ma vie, mon oeuvre, mon cul!, l'autobiographie du dessinateur. Et le rédacteur en chef de Charlie d'argumenter: «C'est marrant, enthousiaste, communicatif, et, dans cinq minutes, vous allez vous dire: "Je rêve ou quoi?... Mais je l'aime ce mec...» Et c'est vrai qu'on ne peut que l'aimer ce «mec», alors joyeux titi parisien déambulant dans un périmètre bien précis, entre Barbès et Anvers, avec en guise de QG l'épicerie familiale de la rue du Delta.

Habitué au tombereau d'insultes soulignant le moindre de ses croquis, le principal intéressé s'avoue d'ailleurs le premier surpris de l'accueil reçu par les deux premiers volets de ce récit, manuscrit et illustré, au point de lâcher un «c'en devient presque chiant cette unanimité», ni convaincant, ni convaincu.

Car «chiante» ou non, l'unanimité en question est on ne peut plus légitime. Les mémoires de Siné sont en effet jubilatoires de bout en bout, qui nous plongent d'abord dans le Paris d'avant-guerre puis dans la capitale occupée, avec une verve et une poésie dignes de Carné et de Gaston Couté. On y croise ainsi des anonymes, comme Riri la Coqueluche, Dédé la Couleur ou Doudou le Martiniquais, mais aussi des célébrités comme Fréhel, en train de se pochetronner au Roxy de la rue de Rochechouart, ou Mouloudji. Quant à l'occupation, elle se résume, tout naturellement, à une longue histoire de cul, p