En décembre 1936, cinq mois après le soulèvement franquiste qui a déclenché la guerre d'Espagne, le journaliste écrivain et vagabond Eric Blair alias George Orwell et futur auteur de 1984 arrive à Barcelone. Il est surpris par l'ardente ferveur qui y règne. «Les anarchistes avaient toujours la haute main sur la Catalogne et la révolution battait encore son plein... Pour qui arrivait alors directement d'Angleterre, l'aspect saisissant de Barcelone dépassait toute attente. C'était bien la première fois que je me trouvais dans une ville où la classe ouvrière avait pris le dessus.» La collectivisation est partout à l'ordre du jour. On ne dit plus señor (monsieur) ni usted (vous), tout le monde se tutoie. Blair, venu écrire quelques articles pour les journaux sur ce qui se passe en Espagne, est pris par l'illusion lyrique et s'engage dans les milices, «car à cette date, il paraissait inconcevable de pouvoir agir autrement». Il rejoint une caserne réquisitionnée par le Poum, le Parti ouvrier d'unification marxiste, petite formation de la gauche révolutionnaire antistalinienne. Il découvre vite que les troupes de ce parti sont démunies de tout. Personne ne sait tenir un fusil et il n'y a pas assez d'armes pour l'apprentissage des miliciens. Quand il arrive sur le front d'Aragon dans les environs de Huesca, il s'aperçoit que la situation n'est guère plus brillante. Les qualités des Espagnols, la sympathie immédiate qu'ils suscitent ne sont pas compatibles avec l'ardeur au combat ni
Critique
Orwell 1937
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par Edouard WAINTROP
publié le 10 février 2000 à 22h20
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